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CHAPITRE III.

OÙ L’ON FAIT DE NOUVELLES
CONNAISSANCES


Le temps avait fui : les années s’étaient écoulées rapidement. Grâce à l’établissement de ses moulins, Sellier était devenu pour ainsi dire le maître de la paroisse. Pour employer une expression banale mais qui n’est pas moins fort juste : il faisait le beau et le mauvais temps. Lorsqu’il avait résolu un dessein quelconque, il arrivait infailliblement à ses fins. Gare à celui qui se mettait en travers de sa route ; il l’écrasait. Comme tous les meneurs qui ont pour eux la puissance de l’or et de la fortune, il tenait tout son monde dans ses mains. Il fulminait, en leurs temps, les menaces d’expulsion contre ceux qui auraient seulement tenté de lui résister. Les Canadiens ne l’aimaient plus ; mais ils le craignaient et le subissaient. Le caractère de cet homme se modifia du moment qu’il se rendit compte qu’il était devenu indispensable à la prospérité de Notre-Dame de la Pointe-aux-Foins.

En moins de dix ans, avec un tel chef à la tête