Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
AUTOUR D’UNE AUBERGE

voulez me dire quel prix on vous a acheté, l’an passé. Cette année est-ce qu’il ne vous aurait pas convenu.

— Monsieur, dit l’Ami, je ne vous insulte pas ; je fais mon devoir en voulant réparer une faute passée, commise par faiblesse.

Il allait continuer, quand M. le Maire l’interrompit :

— Laissons, dit-il, les choses passées de côté ; occupons-nous du présent. Jetons cette requête au panier : c’est là le seul moyen de rendre service à la paroisse. Que M. Sellier ferme son moulin s’il le veut ; il montre par là combien il est intéressé dans l’auberge. Prenons le vote.

— Pour moi, dit Larfeuil, je pense comme MM. Grinchu et Prentout : la paroisse a besoin des $150.00 et du moulin de M. Sellier.

À cet aveu fait au moment où personne ne s’y attendait, il y eut des clameurs. Les amis de la tempérance crièrent honte ! les partisans de Sellier applaudirent.

Grinchu, profitant de l’excitation générale continua le débat.

— Les Conseillers, dit-il, vont-ils priver les paroissiens de leur liberté ? C’est ridicule ! Il est juste que chacun se conduise comme il l’entend. Personne n’a le droit d’empêcher un autre de prendre un coup. Que chacun se mêle de ses affaires, et tout sera pour le