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AUTOUR D’UNE AUBERGE

déclaré que jamais je ne le ferais. Latulle me dit : M. Bonneterre vous, conservateur, vous laissez votre place à un libéral, c’est une honte… ! » Et que d’énormités il a débitées, le cher homme ! À la fin je lui ai dit : « Mon ami, retournez chez vous je ne reviendrai pas sur la parole que j’ai donnée à M. Langevin. Tout libéral qu’il est, il a promis de voter contre l’auberge, il n’est pas question de politique aujourd’hui, mais de tempérance ! Personne ne me reprochera d’avoir manqué à ma parole d’honneur ! »

Latulle reprit : « Il y aura des élections, aucun ne voudra appuyer Langevin ! » — « Quand même je serais seul au Conseil pour proposer le nom de M. Langevin, et que je ne serais pas secondé, je me rendrai et ferai mon devoir. » — « Très bien parlé », dit un des assistants, que la mâle fierté de Bonneterre avait converti, je vous seconderai. — Sur ce, M. le Curé, ils sont partis. C’est pour vous prévenir de ces faits que je suis venu. Tenez bon, nous aurons la victoire. C’est demain le jour de l’épreuve. Priez pour vos amis et confiance encore une fois !

Le lendemain dès neuf heures la salle était comble. Rougeaud et ses partisans se tenaient dans un Coin. M. de Verneuil, Bonneterre, l’Ami, et d’autres jasaient en silence. On sentait la poudre dans l’air : une simple étincelle pouvait mettre, le feu. À l’heure réglementaire on invita les gens à proposer leurs candidats. M.  Bon-