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AUTOUR D’UNE AUBERGE

Alors ils convoquèrent des assemblées où tout le monde était invité. À force d’intrigues, ils parvinrent à semer la division parmi les catholiques soit libéraux soit conservateurs de la paroisse.

Rougeaud ne perdit pas son temps. Le Curé, disait-il, n’a pas le droit de se mêler des affaires de la municipalité, ça regarde uniquement les paroissiens ; il se déplace ; il cabale les femmes, les veuves. Ces arguments, plusieurs fois répétés, produisent toujours un certain effet, principalement chez les buveurs, les catholiques appelés avec justesse « catholiques à gros grains ».

Du reste, bon nombre de chrétiens dans ces questions préfèrent entendre un de ces hâbleurs que de suivre la ligne de conduite tracée par le curé.

Au cours d’une de ces assemblées publiques où par hasard assistait Bonneterre, et dans laquelle maître Rougeaud avait probablement pour la centième fois émis l’opinion que la question des auberges est indépendante des curés, il ajouta qu’il était allé voir l’Évêque du diocèse et que celui-ci avait affirmé lui-même qu’un curé n’a pas d’affaires là-dedans et qu’il avait en mains une lettre épiscopale pour le prouver… Bonneterre bondit à cet affreux mensonge et d’une voix forte qui fut entendue de l’assemblée, il demanda à Rougeaud, depuis quelle date Mgr  faisait-il connaître ses décisions par la voix des paroissiens, contrairement à