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AUTOUR D’UNE AUBERGE

avait pu surmonter les intrigues de Rougeaud et de Sellier. On comprend que ces deux apôtres, vexés, supportèrent difficilement leur échec. Cependant, tout reprit son cours normal ; les mois d’automne arrivèrent, avec eux, la question de l’auberge.

M. Héroux, dès le mois de décembre, entretint ses amis des projets qu’il avait formés pour réussir dans sa Hutte. MM. de Verneuil, l’Ami, Bonneterre, le visitaient plus souvent ; l’on dressait des plans pour déjouer ceux de Sellier.

La question des auberges au Canada présente des difficultés incroyables. Il y aura toujours des Canadiens capables de soulever les passions pour défendre ces lieux dangereux. Il n’est pas d’arguments, il n’est pas d’armes qu’ils n’emploieront pour réussir. Un instant, on croira que la question est terminée, que l’auberge est « enterrée » ; mais, à la surprise générale, le jour suivant, l’évidence prouvera le contraire. Partout et toujours les amis de la dive bouteille travailleront pour conserver l’auberge, ruine de nos campagnes. La question des licences peut se comparer au dragon à sept têtes dont parlent les bonnes mamans à leurs petits-enfants. Un moment on a réussi à trancher six têtes de l’animal, mais, hélas ! on en a laissé une : celle-là suffit souvent pour recommencer la lutte et renverser les plus généreux combattants. D’ailleurs, comme nous avons eu l’occa-