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AUTOUR D’UNE AUBERGE

chisme.

— Enfin, conclut-elle, cet homme m’en veut de même qu’à mon père parce nous avons approuvé M. le Curé dans sa campagne contre l’auberge. Du reste, j’ai ici le cahier des rapports. Voici le dernier en date du 29 juin :

« Nous, prêtre Curé, soussigné, en compagnie de Messieurs les commissaires, avons ce jour examiné les enfants de cette école, tenue par Melle Marie Bonneterre. Nous n’avons que des louanges et des félicitations à adresser, tant aux élèves, qui possèdent leurs matières à la perfection, qu’à l’institutrice. Nous proposons que son nom soit envoyé à M. le Surintendant de l’Instruction publique pour qu’elle reçoive la récompense accordée aux institutrices dont les élèves ont subi le meilleur examen. »

Pour la première fois, Marie Bonneterre s’aperçut que Rougeaud n’avait pas signé ce rapport avec les autres commissaires.

Melle Jolicœur se leva pour prendre congé. Puis, s’adressant à Marie, elle lui dit :

— Mademoiselle, j’en ai assez ; ne concevez aucune crainte ; jamais je n’accepterais une école dans ces conditions. Non ! je me reprocherais cela comme une mauvaise action. Je perdrai certainement la moitié de mon salaire ordinaire, mais j’aurai du moins la certitude que je fais une bonne action.