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AUTOUR D’UNE AUBERGE

Ici, Mme Boisdru éclata en sanglots.

« Je coupai la corde, reprit-elle, sa figure était toute bleue ; il avait la langue sortie, sa bouche écumait… c’était affreux. Mais il n’était pas encore mort.

« À mes cris, et à ceux des enfants, les voisins accoururent. C’est là que j’ai pensé à vous envoyer chercher… Peut-être me disais-je en moi-même qu’il arrivera à temps au moins pour l’administrer ? Boisdru, M. le Curé, n’avait que ce défaut. Il aimait de temps en temps à prendre une fête ; autrefois, ça ne lui arrivait pas souvent. Ce n’est que depuis ces derniers temps qu’il me fit de la misère. Je l’aimais, malgré tout ; c’était un bon cœur d’homme, charitable comme il n’y en a pas. Il faisait ses pâques, il n’y a que cette année qu’il s’est négligé… M. le Curé, comment allons-nous faire pour ses funérailles ? Pour sûr qu’il ne peut entrer dans le cimetière ? Mon Dieu ! que c’est de valeur ! Qui eut dit cela ? Et nos enfants ! quelle honte pour la famille ! »

M. Héroux, en présence d’une désolation si grande, dit d’une voix émue :

— Pour moi, je suis persuadé que M. Boisdru était fou lorsqu’il s’est suicidé. S’il avait fait ses pâques, je n’aurais aucun doute que Monseigneur l’Évêque lui accorderait la sépulture ecclésiastique. Je vais lui écrire tout de suite, et vous enverrai sa