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AUTOUR D’UNE AUBERGE

déjà de perdre cette bonne aubaine ?

— C’est bien simple, pousse-le à bout. Commence par lui démontrer qu’il fait une folie en épousant la cause de Verneuil ; qu’il a souvent besoin de la paroisse et qu’il est heureux de rencontrer des amis dans ce temps-là. Qu’il m’indisposerait… Si ça ne suffit pas pour l’amener à la raison, demande-lui mon argent et, si il ne s’acquitte pas, je le poursuis.

Rougeaud, on le voit, était capable de faire toutes les bassesses.

Il partit sur le champ, et se rendit chez l’Ami. Après les saluts d’usage, il annonça à ce dernier qu’il voulait lui parler en particulier.

M. l’Ami, dit Rougeaud, je viens vous voir pour vous demander si la réponse que vous m’avez donnée ce matin est définitive.

— Oui, Monsieur, ce matin je vous ai dit qu’en conscience un Conseiller ne pouvait être pour l’octroi d’une licence dans les conditions où nous nous trouvons, et je n’ai pas changé d’idée depuis.

Cette réponse déconcerta l’envoyé de Sellier qui, cependant, ne se tint pas pour battu.

M. l’Ami, je respecte votre opinion et je ne veux pas la combattre ; tout de même, laissez-moi vous faire remarquer que votre attitude m’a surpris parce que je vous croyais avec nous. La paroisse, cela se voit, ne demande pas la prohibition.