Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
AUTOUR D’UNE AUBERGE

n’effrayait la jeunesse, vinrent visiter ces parages. Ayant examiné le terrain sur une bonne distance, ils décidèrent de se construire une hutte, en bois rond, et de se mettre à abattre la forêt. Dire combien fort ils ont travaillé est incroyable. Tous les quinze jours, deux d’entre eux se rendaient dans leurs familles chercher les provisions nécessaires ; et l’on reprenait la hache et l’on tapait dur. Bientôt, les arbres jonchèrent le sol, on les entassait, et on allumait le feu.

Ces incendies fréquents permirent à nos pionniers, en peu de temps, d’ouvrir un assez grand morceau de terre qu’ils cultivèrent. L’attente de ces braves ne fut pas trompée : le sol était excellent. Dès la première année, ils purent démontrer à leurs co-paroissiens combien ils seraient sages d’envoyer quelques-uns de leurs enfants se tailler des terres fertiles sur les lots non concédés. Cette nouvelle avait été accueillie avec empressement, surtout par le vénérable Curé de la paroisse, véritable ami de la colonisation. C’est un fait acquis par l’expérience, et prouvé par l’histoire, que, dans toutes les fondations de paroisses canadiennes, vous trouverez un prêtre qui, l’un des premiers, aura imprimé le mouvement. Vous verrez cet homme s’enfoncer dans les bois avec une poignée de braves, les encourager dans leurs entreprises, les stimuler par sa présence aussi bien que par son exemple. Interrogez notre histoire canadienne, elle vous dira que le prêtre de cette époque,