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AUTOUR D’UNE AUBERGE

ses prêtres, autrement vous cesseriez d’être chrétiens… Mais, mes amis, quelqu’un me dira, M. Labouteille sera de ce nombre : Il vaut mieux accorder une licence, parce que, autrement, il se vendra des boissons sans licence !… Et alors le remède serait plus grand que le mal !… Non ! Messieurs, l’autorité dirigeante a parlé, on doit écouter ! Si M. Héroux, pasteur des âmes, croit que nous pouvons courir ces risques, nous devons le faire. Le mal ne sera pas plus grand, au contraire. D’ailleurs, Messieurs, nous serons là pour veiller à ce que ces vendeurs de boisson sans licence soient sévèrement punis. Donc nous devons refuser cette demande. Ce sera le seul, l’unique moyen de débarrasser notre paroisse des scènes scandaleuses qui s’y commettent au grand jour. Il y a une autre raison qui me pousse à refuser cette demande à M. Bonvin : c’est qu’il est lui-même une cause de ces tristes scènes ; il vend aux mineurs comme aux hommes mûrs. Il vend le dimanche, au vu et au su de vous tous !…

— C’est vrai ! crièrent plusieurs voix.

— Donc, à mon point de vue, c’est un homme indigne.

M. Labouteille dira encore qu’une licence est utile aux voyageurs. Mes chers co-paroissiens, nous pouvons avoir une auberge de tempérance pour recevoir et loger ces étrangers. Quel besoin avons-nous d’une