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AUTOUR D’UNE AUBERGE

L’argument qu’on faisait le plus valoir c’est que l’auberge donnait à la municipalité une somme de $150.00 annuellement, et que cette somme servait à faire exécuter certains travaux d’urgence. — Au reste, disait celui-là, une paroisse sans auberge, c’est une paroisse qui rétrograde.

Chacun, on le voit, donnait son opinion, sans cependant vouloir trancher la question : ce n’était pas en effet de leur ressort. Elle était du domaine du maire et de ses collègues. Quoi qu’il en soit, il devenait évident que la masse de la population souhaitait l’abolition de l’auberge.

À dix heures, Rougeaud en personne et ses acolytes, Jean Labouteille, Lucien Prentout, Louis Grinchu, Bernard l’Ami, entrèrent. M. de Verneuil et son collègue, Pierre Boisleau, les suivirent peu d’instants plus tard, avec le secrétaire. Chacun put remarquer que Rougeaud avait l’air préoccupé.

Un malin dit tout bas à son voisin qu’il avait vu le maire dès huit heures en pourparlers avec Labouteille, l’Ami, Prentout et Boisleau. « La discussion paraît-il a été vive. Il a lancé des injures à l’adresse du Curé ; il s’est mis en colère contre l’Ami, citoyen fort paisible. J’ai hâte, dit ce témoin, de savoir le court et le long de cette histoire. »

Les membres du Conseil prirent leurs sièges respectifs. Dans la salle se trouvaient Bonneterre, un