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crépitement de la mousqueterie nous arrive par rafales, comme si un grand vent le portait. Pourtant, il n’y a pas un souffle dans l’air. Les brumes flottent, immobiles.

Brusquement le soleil paraît, le brouillard s’évanouit comme dans les féeries. On dirait que de grands rideaux de gaze remontent vers les cintres. En quelques minutes, le paysage se découvre dans son étendue. Aussitôt la canonnade commence.

À droite, s’étendent des prairies où paissent des troupeaux, et plus loin, des collines et des bois. On aperçoit un village, sur une côte, à la lisière d’une forêt. À gauche, vers le nord, un hémicycle de collines, toutes proches, borne l’horizon. Un ruisseau coule au milieu, réunissant les eaux des côtes couvertes de chaumes, où un arbre, un grand saule en boule, fait une seule tache verte.

Une batterie est installée là-bas. On aperçoit quatre points sombres : ses quatre pièces sur le champ.

Sur la route très droite, entre les arbres dont les fûts affirment la perspective, les douze batteries de mon régiment, suivies de leurs échelons de combat, forment une interminable ligne sombre, immobile.

Le capitaine commande :

— Dispositions de combat !

Les servants couchés dans l’herbe se dressent.