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On se bat tout près d’ici, en avant de nous et aussi à droite, quelque part dans le brouillard. J’écoute… Je cherche dans l’air le sifflement d’une balle.

— Demi-tour !

— Au trot !

Quoi ? Que se passe-t-il ? Que sont devenues les trois batteries qui nous précédaient ? Nous prenons une route à droite. La fusillade cesse. Cette marche dans le brouillard qui semble s’épaissir encore, à la longue, est inquiétante. Nous savons bien, à présent, que l’ennemi n’est pas loin.

On s’arrête enfin. Il est peut-être sept heures. Aucun bruit n’annonce plus la bataille. Nous débridons nos chevaux pour leur donner l’avoine. Couchés sur les bas côtés de la route, les servants sommeillent.

De nouveau la fusillade s’allume, mais à gauche à présent. Comment notre position a-t-elle pu se modifier ainsi par rapport à celle de l’ennemi ? Tout à l’heure, on se battait à notre droite… Mais peut-être ne s’agissait-il que d’une patrouille égarée ? Je ne cherche pas à comprendre. Je m’oriente mal sans doute dans la brume.

Le bruit cette fois est plus lointain. Une détonation a éclaté, d’abord isolée, comme un signal. J’ai cru que c’était le coup de fouet d’un conducteur redressant son attelage. Mais, maintenant, le