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TROISIÈME PARTIE

LE CHOC. — LA RETRAITE


Samedi 22 août.


Nous avons dormi dans la grange de la bonne vieille, où le foin était profond et chaud. À trois heures du matin, un garde-écurie est venu nous appeler par la lucarne. On a harnaché à tâtons.

À présent, il commence à se répandre sur la campagne une lumière extrêmement diffuse. Le brouillard, qui monte des prairies, éteint la clarté du jour naissant. Nous marchons à travers des blancheurs livides. La brume est si épaisse qu’on ne peut voir la voiture précédente et que, assis sur les coffres, on n’aperçoit l’attelage de devant et son conducteur que comme une ombre mouvante.

Nous atteignons ainsi la petite ville de Virton. Tous les habitants sont aux portes et l’on nous offre du café, du lait, du tabac, des cigares. Les