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n’ont pas fait de mal… ils n’ont pas eu le temps. Ils sont sortis à cinq ou six, des bois, là-haut : des cavaliers. Et puis, ils sont rentrés. Il y en a quelques-uns du pays qui les ont vus. Il y avait ici des cavaliers français, des bleus et rouges.

— Des chasseurs ?

— Peut-être bien. Ils sont bien gentils, bien aimables. Comme, au début, il n’y en avait pas beaucoup, on se disputait pour les avoir. Alors, quand les uhlans sont sortis des bois, ils ont vu les Français, et ils s’en sont retournés.

— Et des soldats belges ?

— Il n’en est jamais venu, dit la grand’mère. Mais ma petite-fille en a vu, l’an passé, à Arlon.

— Oui, ajoute la jeune fille, et ils sont mieux habillés que vous.

Nous nous sommes installés. On a sorti des chaises pour nous et nous bavardons en attendant l’ordre d’avancer.

— Vous nous devez un beau cierge, nous dit la grand’mère. Nous les avons arrêtés. Ils ne s’y attendaient pas. Ils croyaient trouver des moutons et ils ont trouvé des lions… des lions. Ils le disent bien.

Nous approuvons de bon cœur. Nous pouvons être assurés pour l’avenir de l’attachement des Belges. Nous leur sommes débiteurs de reconnaissance. Est-il une affection plus solide que