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Beaucoup d’hommes, partis trop tôt à la charge, tombèrent aussi dans la rivière, qui coule à travers des prairies entre des rives très basses. Ils restèrent là, dans l’eau jusqu’au ventre, abrités comme dans un retranchement, et combattirent. Le drapeau du 130e, le 10 août, ne sortit même pas de sa gaine de toile cirée.


Toute la journée se passe encore en grands sommes, en cuisine et en baignades au ruisseau. Quelques conducteurs sont partis avec leurs attelages pour transporter des blessés du 130e à Verdun.

À la nuit, étendus sur les gerbes du champ sous le ciel toujours clair, nous chantons en chœur avant de nous endormir.

Ah ! si, là-bas, ceux qui vivent dans l’anxiété en attendant de nos nouvelles pouvaient nous voir !


Jeudi 13 août.


Des hommes du 130e de ligne ont apporté une capote grise d’Allemand, des bottes, un chapska de uhlan et aussi une sorte de coiffure ronde d’infanterie qui ressemble à un petit fromage. Ces dépouilles, pendues dans une grange, attirent la foule des canonniers. Elles appartiennent à un