Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mayenne du 130e… On s’est battu hier… Il en est tombé !… Mon bataillon est intact, mais les deux autres !… Il y a des compagnies où il ne reste pas dix hommes et plus d’officiers. C’est leurs mitrailleuses qui sont terribles… Qu’est-ce que vous voulez faire ? Deux bataillons contre une division !…

— Mais pourquoi n’a-t-on pas fait donner au moins le troisième bataillon du régiment ?

— Je ne sais pas… Là dedans, on ne sait jamais.

Et il ajoute :

— Il y en a qui ont été épatants. Le lieutenant X…, par exemple : il s’est levé, il a tiré son épée, il a ouvert sa capote et puis il a crié à ses hommes : « En avant ! mes enfants ! » et il est tombé raide mort… Le drapeau… Il a été pris par l’ennemi, repris par un commandant, reperdu. À la fin c’est un premier soldat qui s’en est emparé et est allé le cacher, avant de mourir, sous un pont. Une section du 115e l’a trouvé là. Et puis, l’artillerie est arrivée à la fin… trois batteries du 31e. Elle les a vite nettoyés. Ils ont abandonné deux batteries là-bas.


Ordre de dételer. Quelle chaleur ! Une buée monte de la terre, fait vaciller les lointains. Parfois, on entend confusément un bruit de canonnade ; mais souvent le roulement des charrettes