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pas ; le mécanicien affirme qu’il l’ignore aussi. Il doit recevoir des ordres en route.

Les territoriaux qui gardent la voie, pour nous saluer au passage, lèvent leurs fusils à bout de bras. Nous agitons nos fouets.

— Bonjour, les vieux !

— Bonne chance, les enfants !


Reims ! Le canal, le port entrevu, puis voici de grands pays lumineux couverts de blés mûrs. À peine, dans quelques champs, la moisson est-elle en gerbes. Presque partout sur pied, immobile dans la chaleur, elle éclaire de ses ors les collines lentes, les mouvements majestueux et sereins de ces belles campagnes.

Il faut que j’ouvre tout grands mes yeux. Peut-être dans quelques jours ne verrai-je plus la beauté des moissons au soleil, leur somptueux manteau sous lequel apparaît le modelé grave des terres, comme une belle forme grecque, sous les plis légers du voile antique.

Nous allons à Verdun. Le train roule lentement. Dans chaque village, dans les jardins au bord de la voie, aux passages à niveau, des enfants, des jeunes filles, à deux mains nous envoient des baisers. On nous jette des fleurs et, quand le convoi s’arrête, on nous apporte à boire.

À la brune, après avoir longé les interminables