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Poli, Déprez répond :

— Merci. Pas le temps.

Et, lorsque nous avons fait quelques pas, il ajoute :

— Voilà une commission dont je ne me charge point.


Samedi 8 août.


Enfin nous embarquons.

Cette guerre commence pour nous par une fête des fleurs. Une foule de femmes et d’hommes grisonnants attendent sous les platanes, de l’autre côté de l’avenue. Des enfants viennent à nous, les bras pleins de fleurs. Les mères, qui les envoient, sourient ; mais que tous ces sourires de femmes sont tristes et navrés ! À leurs yeux bistrés on voit qu’elles viennent de pleurer, et aux plis de leurs lèvres on sent bien que, derrière le sourire, les larmes sont proches. Pour les petits, — car à travers la rue il nous vient des tout petits, — cette journée est plus belle qu’une cavalcade. Ils rient de toutes leurs dents.

Nous avons passé les dernières heures de la matinée à parer nos voitures et le harnachement des chevaux. Il est midi. À mesure que l’heure du départ approche, sur l’avenue, le brouhaha décroît. À l’ombre, la foule s’immobilise. On attend…