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Des femmes barrent doucement la route aux cavaliers pour fleurir le frontal des brides ou les boucles des sacoches. Et, là-dessus, une belle lumière d’août ruisselle, illumine la poussière, les verdures, anime le visage des femmes et les fleurs.


Vendredi 7 août.


Depuis longtemps, j’ai remarqué le premier mouvement du militaire qui reçoit une lettre. Vivement il la décachette et, sans la sortir de l’enveloppe, la feuillette en hâte pour voir si elle ne contient pas un bon-poste ou un mandat : le cheval.


En bordée la nuit avec Déprez, une ignoble fille, bouffie, mafflue, dont le ventre et la poitrine se joignent en un amas tremblotant de graisse, nous interpelle :

— Quarante-quatrième ?

— Oui.

— Vous connaissez peut-être le brigadier X… ? Vous lui souhaiterez bonne chance, de la part d’Alice. Il sait bien. Alice, n’est-ce pas ?… Vous n’oublierez pas… Pauvre Jojo !…

Puis, comme nous nous éloignons :

— Vous n’entrez pas ? demande-t-elle, avec l’œillade coutumière.