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ment. Mais, n’était-ce pas aussi ce refrain qu’on scandait à coups de talons, il y a quarante-quatre ans, à peu près à pareille saison ? Et pourtant, quels lendemains ! Ce souvenir historique m’angoisse. Préjugé !

L’Angleterre entrera-t-elle en scène à nos côtés contre l’Allemagne ? L’Angleterre est la grande inconnue de l’heure présente. Pourtant on n’en parle guère ici.

À Berlin ! À Berlin !

On ne sort pas de là.


Je commence à me persuader de la réalité des événements. Mais déjà la fièvre du départ, l’irritation de ne rien savoir de précis donnent aux nerfs un mouvement fébrile qui empêche d’envisager dans son entier l’horreur imminente.


Nous accouplons nos chevaux ; nous formons les attelages de la pièce.

Une pièce de tir, dans une batterie de 75, se compose, en matériel, d’une voiture-canon et d’une voiture-caisson, traînées chacune par six chevaux attelés à la Daumont ; en personnel, de six conducteurs, de six servants, d’un brigadier et d’un maréchal des logis, chef de la pièce. Mais ma pièce, la 1re de la 11e batterie, compte en outre le chef de section, un brigadier de tir, un