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Que croire ? Rien, évidemment : ce serait le mieux.

Mais on attend les nouvelles. Quand on en a, on hausse les épaules ; pourtant, lorsqu’elles annoncent des succès, on voudrait tant les croire que la plupart des scepticismes n’attendent, pour se laisser vaincre, qu’une vigoureuse affirmation.

Je veux noter, au jour le jour, la fable comme l’histoire. Aussi bien ne suis-je pas à cette heure en état de discerner le vrai du faux.

Je cherche seulement, dans ces feuilles écrites en hâte, à restituer ce qui concourt à créer l’état d’esprit d’un soldat, perdu dans la foule des soldats. En ce sens, fable ou vérité, c’est tout un. Plus tard seulement, si ce carnet ne descend pas avec moi dans le « trou », quelque part là-bas, ces notes pourront peut-être servir à une histoire de la légende. Une histoire de la légende : c’est un monde !


J’ai le loisir d’écrire. Un établi me sert de bureau. Derrière moi, les chevaux de ma pièce, à coups irréguliers, battent le ciment du hangar. Je serais très bien, mais ces cabinets puent !


On dit que nous embarquerons vendredi. À Berlin ! À Berlin !

Berlin, c’est le but. On en parle à chaque mo-