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Elle est debout, droite contre les rideaux, les doigts écartés sur sa poitrine dans une attitude tragique de douleur. Comme il va disparaître au détour de la rue, d’un coup elle ouvre la fenêtre toute grande et se montre une seconde. L’homme n’a pu la voir. Elle fait en arrière deux pas chancelants et s’abat dans un fauteuil, blottie, le visage dans les mains, secouée par les sanglots. Alors j’aperçois, dans la pénombre de la chambre, une bonne à coiffe bretonne qui lui apporte un tout petit enfant.


Midi. — Nous quittons le quartier pour aller nous établir dans le cantonnement que la mobilisation nous assigne. Quatre pas sur l’avenue de Pontlieue, et nous y sommes.

C’est dans la cidrerie Toublanc que vont se former, sur le pied de guerre, les 10e et 11e batteries du 44e régiment d’artillerie de campagne.

Nous n’avons rien à faire, sinon à étendre de la paille de couchage. Un moteur à gaz pauvre ne cesse de battre une mesure à deux temps, irritante à la longue… À la craie, sur les portes des bâtiments disponibles, les affectations sont faites d’une main inhabile.

Les écuries de la pièce sont établies sous un hangar ouvert d’un côté et où les futailles entassées au fond portent le harnachement. Ces écu-