Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

secourir. Cela n’a servi de rien. Tout était fini. On a rapporté le corps à la batterie. Le lieutenant Hély d’Oissel a pris le commandement et on a continué le feu. Il pleurait en donnant les hausses. Quand, vers huit heures, on a reçu l’ordre de quitter la position, et qu’on a assis le capitaine de Brisoult sur un des coffres de la première pièce, la moitié des hommes avaient des larmes aux yeux. Deux servants le tenaient entre eux. On lui avait couvert le visage d’un mouchoir blanc. À Fresnières, on l’a veillé toute la nuit. C’est là qu’il est enterré.

« Depuis, on n’a pas fait grand’chose. D’ailleurs, pour tous, le moral n’est pas encore bien remis de cette perte. Je ne peux te marquer où nous sommes. Mais, si je te dis que la batterie n’a guère changé de place depuis ton départ, tu sauras à peu près dans quelle région nous opérons.

« À toi,

« Georges Hutin. »

Moi aussi j’ai pleuré en lisant cette lettre.


fin