Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ça a éclaté juste sur l’arbre auquel il était adossé.

En une seconde, malgré le danger, tous les hommes du peloton se sont dressés.

— Tu le vois, Hutin ?

— Non…

Le lieutenant Homolle, le petit officier d’ordonnance du commandant qui, tranquillement, à découvert, arrive du poste d’observation, nous crie de loin :

— Voulez-vous bien vous cacher, tas de bougres !

— Le capitaine ?

— Il n’a rien.

Et, comme il est venu s’abriter avec nous derrière le caisson, le lieutenant ajoute :

— J’en ai reçu deux dans la cuisse… Ça n’entre pas. Ça ne m’a fait que des bleus. Il faut que ça éclate assez près pour faire du mal. Le plus ennuyeux, c’est que le capitaine ne voit pas les Allemands. On ne peut pas tirer.

Le feu de l’ennemi augmente encore de violence. Les balles d’obus criblent les peupliers avec un bruit de grêle ; des feuilles détachées, que pousse le vent, viennent s’éparpiller autour des pièces.

Un des agents de liaison, un des hurleurs comme on dit, blessé au flanc, quitte au plus vite la position. Astruc, atteint à la poitrine, et qui vomit le