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— T’as pris une balle dans le ventre ?

— Non, c’est une balle qui m’a traversé les parties : ça me brûle, ça me brûle !

— Écoute, lui dit Millon, va à nos avant-trains. C’est par là-bas, à gauche, derrière les arbres. Ils n’ont rien à f…. Ils pourront peut-être t’aider à te tirer.

— Merci. J’y vais.

— Mais prends garde entre les rangées d’arbres, dans le pré. Il en tombe souvent des dégelées…

Le malheureux s’éloigne en se tordant.

Le capitaine s’est installé en observation au pied du premier peuplier d’une des files. Des hommes, prêts à transmettre les ordres à la voix, jalonnent le terrain découvert, qui s’étend entre la batterie et le poste de commandement.

Les obus des 77 éclatent maintenant sur nous. On s’abrite. De minute en minute, les shrapnells ennemis arrosent de balles la position. Le plomb, par volées, sonne sur l’acier des blindages. Personne ne bouge, personne encore n’est blessé.

Soudain, je vois Hutin, — qui, assis à son siège de pointeur, se cache derrière le bouclier du canon, — se lever tout d’une pièce.

— Bon Dieu ! dit-il, le capitaine !

On interroge anxieusement :

— Touché ?