Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Quelle heure ?

Quand je lui ai donné l’heure, il s’impatiente :

— Ah ! là là ! répète-t-il. Ça ne tourne pas.

Dans l’après-midi, sur un ordre de la division, le commandant fait amener les avant-trains.

Les conducteurs arrivent, à cheval, au trot.

— Pied à terre ! crie le capitaine.

Ils n’entendent pas. Les balles, frôlant la crête, sifflent toujours. Ils vont se faire tuer !

— Attention, tous ensemble, commande l’adjudant… Une… deux… trois… Pied à terre !…

Vingt gorges ont hurlé ensemble. Cette fois ils ont entendu. Sans arrêter le mouvement des avant-trains, les conducteurs sautent à bas de leurs chevaux.


Dans une prairie où l’herbe est haute, entre deux lignes de peupliers, notre batterie va prendre position, plus près encore de l’ennemi. Tout de suite, les 77, qui depuis ce matin nous cherchent sans nous atteindre, viennent nous menacer ici. L’ennemi n’a pu voir notre mouvement… Aucun avion ne tient l’air. Un espion nous aurait-il signalés ?

Un fantassin passe, se tenant le ventre à deux mains. Il saute d’un pied sur l’autre dans une trépidation d’atroce souffrance.

— Y a-t-il une ambulance par là ?