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action. Nos officiers s’éloignent au galop, en reconnaissance. Nous allons être engagés.

Finalement, on n’a pas besoin de nous aujourd’hui. On nous envoie cantonner près de Ribécourt, dans un parc. Nous rangeons nos pièces sur une pelouse, le long d’une belle futaie de hêtres, bordée de rhododendrons.


Une pièce d’eau, sans rides, rougeoie sous le crépuscule éclatant, et, de l’autre côté, apparaît, parmi des massifs et des parterres que festonnent des sauges sanglantes, la masse déjà sombre d’un beau château moderne. Un petit pont rustique, enjambant un ruisseau, dresse sous de somptueuses verdures un drôle de profil vénitien.


Il fait tiède, ce soir. Nous creusons les foyers du bivouac, au bord de l’eau, sous des marronniers. Dans la nuit, tout à fait venue, l’étang tombe à une obscurité d’encre. L’éclat fauve de nos feux nous éblouit. On ne distingue plus les rives. À chaque pas il faut se garder de tomber à l’eau.


Mardi 22 septembre.


Nous avons dormi sur la paille dans les communs.

Mon poignet est à peu près guéri. Je reprends mon poste à la première pièce.