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dirigeant la manœuvre d’artillerie à l’ombre des platanes. Dans un coin un garde-parc graisse ses canons ; un cavalier, les deux mains dans ses poches, les rênes au bras, mène son cheval à l’abreuvoir ou à la forge. Au grand soleil, contre le mur des écuries de la remonte, quelques ordonnances font du pansage sans conviction. Seulement, une file d’hommes allant à la cantine ou en revenant, comme une ligne noire d’insectes sur le gravier blanc d’une allée, trace une des diagonales de la cour. Devant la cantine, on se bat pour avoir à boire. Il fait chaud.


Toujours rien. Il est midi. On attend. Si cette fois encore ce n’était qu’une fausse alerte !

En blanc, les artilleurs, que l’absence de manœuvre laisse oisifs, errent dans la cour d’honneur à l’affût des nouvelles. Sur la place de la Mission, des curieux se pressent à la grille fermée, on ne sait pourquoi. Il y a là surtout des femmes. Devant, quelques canonniers passent, sourient, farauds, le calot sur l’oreille, faisant déjà figure de défenseurs.

Près du poste qui sert de parloir, mais où l’on n’ose pas faire entrer les visiteurs, à cause des puces qui y pullulent en cette saison, des femmes, des mères, des sœurs, des amies, viennent embrasser leurs soldats. Toutes sont braves. Elles cachent