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des sous-bois. On a abattu de gros arbres en travers du chemin. La chaussée s’est effondrée sous leur poids. Et lorsqu’on les a tirés au fossé, pour livrer passage aux troupes, leurs grosses branches ont égratigné la route, y ont ouvert des sillons vite transformés par la pluie en fondrières.

Pierrefonds, sous le ciel terne, la silhouette somptueuse du château au milieu des verdures assombries par la pluie ; puis la forêt de Compiègne, les hauts fûts de ses hêtres en colonnades ; encore des lignes de tranchées pleines d’eau, zigzaguant entre les arbres, des abris primitifs de fougères et de branchages, et toujours des cadavres de chevaux.

Le soleil, paraissant entre deux nuages à travers les feuilles, jette des taches d’un vert d’émeraude sur les mousses mouillées. Parmi les essences sombres, les troncs éclatants des bouleaux s’illuminent soudain.

Compiègne ! La ville, occupée pendant quelques jours par l’ennemi, ne semble pas avoir souffert. On entend le canon au loin, vers le nord-est.

L’Oise passée, nous retrouvons nos batteries cantonnées à Venette, un lointain faubourg.


Dans la grande salle d’une ferme où je suis allé aux provisions, la fermière, une matrone de cin-