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nous ne sommes pas tournés cette fois ?… Je suis angoissé.

Il pleut davantage. Sous la lueur mouvante d’un projecteur, on aperçoit au loin une route noire d’hommes et de chevaux.

Ma voiture est venue se ranger près de celles de la première pièce.

— Hutin !

— Présent. Tiens, c’est toi, vieux ?

— Oui. Alors, on bat en retraite ?

— Non.

— Comment ? Toute la division s’en va…

— On est remplacé.

— Crois-tu ?

— J’ai vu des artilleurs du corps qui nous remplace.

— Alors, on va nous mettre au repos ?

— Je ne pense pas. J’ai entendu dire qu’on allait faire un mouvement tournant du côté de la forêt de Compiègne et de la forêt de Laigle avec la division marocaine.


La pluie… la nuit… défense de fumer. L’ombre est pleine de lointains piétinements, de roulements atténués, de vagues cliquetis d’armes, de grands souffles d’hommes et de bêtes.

Derrière les régiments de ligne de la division, commence une marche lente, interrompue par les