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Les armes et les sacs des morts ont été enlevés. On a déboutonné capotes, vestes et chemises pour prendre les médailles. La musculature du cou, celle de la poitrine mise à nu, les orbites des yeux déjà ont verdi. Un petit sergent, tombé à la renverse sur des gerbes qui lui font oreiller, lève son bras droit. Les doigts crispés de sa main semblent, en l’air, une serre douloureuse. Sur sa manche, la baguette d’or brille au soleil.

Comme je m’éloigne, des hirondelles, dont le vol bas annonce la pluie, sur la butte, frôlent les cadavres de leurs ailes aiguës.


Jeudi 17 septembre.


L’échelon est toujours établi dans le même ravin. La batterie n’a pas changé de place. Quoique, depuis deux jours, elle ait tiré plus de cinq cents obus, l’ennemi n’a pas encore pu la repérer.

La bataille se poursuit de plus en plus ardente, vers Tracy-le-Mont, Tracy-le-Val, Carlepont en avant de nous, à l’ouest vers Compiègne, à l’est parallèlement à l’Aisne vers Soissons, on ne sait jusqu’où.

Nous n’avançons pas, nous ne reculons pas. C’est tout ce qu’on sait. Nous commençons à