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leva les bras au ciel. À deux, ils le saisirent et, l’ayant fait asseoir sur une chaise, dans la cuisine, ils lui tirèrent une balle dans la tête. Puis ils le laissèrent, toujours assis, la tête pendante, saignant du front entre ses jambes sur le carrelage, pour reconnaître les alentours de la maison et du jardin. Ils ne trouvèrent rien de suspect. Quand ils revinrent, la cuisine était vide ; il ne restait là qu’une mare de sang devant la chaise. Mais, vers la porte et dans l’escalier, il y avait des traces rouges et ils entendirent des gémissements venant du grenier.

Nous demandons au bonhomme :

— Alors, qu’est-ce que vous avez fait de votre Boche ?

— Il est encore dans mon grenier, nous répond-il placidement.

— Il va falloir le tirer de là. Il va puer.

— Oui, je m’en vais faire un trou ce soir du côté de mon fumier.

Et, comme je dis qu’au lieu de tuer cet homme salement, ils auraient bien pu le prendre, puisqu’il se rendait.

— Ah ! me répond le bonhomme, ne m’aurait-il pas tué si j’avais été tout seul ? Je ne suis pourtant pas militaire, moi. Et il ajoute :

— On n’en détruira jamais assez de ces salauds-là.