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de ce que vous avez fait, car je vous dois ce vers quoi étaient tendus, depuis quarante-quatre ans, tous mes efforts et toutes mes énergies : la revanche de 1870.

Merci à vous et honneur à tous les combattants de la sixième armée.

Claye (Seine-et-Marne), le 10 septembre 1914.

Signé : Maunoury.


— Bien dit ! déclare quelqu’un.

— Maréchal des logis, crie le vieil engagé, faites donc demander au général, puisqu’il est content de nous, de faire fermer un peu les écluses de là-haut.

On repart. Le pays à travers lequel nous marchons depuis l’aube, avec des arrêts d’une heure ou deux pendant lesquels les batteries tirent, semble, au premier coup d’œil, une plaine sans fin à peu près déserte. Les champs de betteraves et les champs de blé, où la récolte, souvent encore en gerbes, achève de pourrir, paraissent se succéder sans interruption d’un bord à l’autre de l’horizon gris sous le ciel bas, pesant et triste, d’où la pluie froide tombe sans répit. Mais soudain, au milieu de la campagne nue, s’ouvre un vallon qu’on ne soupçonnait pas, tout boisé, si profond que le clocher même du village, bâti au plus creux, s’y trouve lui aussi enterré.