Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Voilà, voilà, répond un engagé volontaire grisonnant. Des poilus qui n’ont pas le poil sec.

— Écoutez par là !

Et le sous-officier commence, d’une voix enrouée, la lecture d’un ordre du jour :


La sixième armée vient de soutenir pendant cinq jours entiers, sans interruption ni accalmie, la lutte contre un adversaire nombreux et dont le succès avait jusqu’à présent exalté le moral. La lutte a été dure, les pertes par le feu et les fatigues dues à la privation de sommeil et parfois de nourriture, ont dépassé tout ce que l’on pouvait imaginer ; vous avez tout supporté avec une vaillance, une fermeté et une endurance que les mots sont impuissants à glorifier comme elles le méritent.

Camarades, le général en chef vous a demandé, au nom de la Patrie, de faire plus que votre devoir ; vous avez répondu au delà même de ce qui paraissait possible. Grâce à vous, la victoire est venue couronner nos drapeaux. Maintenant que vous en connaissez les glorieuses satisfactions, vous ne la laisserez plus échapper.

Quant à moi, si j’ai fait quelque bien, j’en ai été récompensé par le plus grand honneur qui m’ait été décerné dans une longue carrière, celui de commander des hommes tels que vous.

C’est avec une vive émotion que je vous remercie