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conserve dans la rue, car elle s’appelle la Conscience. Paul Lintier marche d’un pas égal, droit devant lui, sur la route qu’il s’est assignée ; il la voit, il la veut ; il sait où elle mène, il sait comment il faut se tenir pour rester droit et marcher jusqu’au bout ; il est de ceux qui ne renoncent pas, tant qu’ils respirent, et qui se relèvent dès qu’ils tombent. Ce qu’il était, avec une plume à la main, il le sera, avec un sabre au poing. Mutilé, bon pour la réforme, il la refuse ; il entend repartir, il s’ingénie, se multiplie en démarches et en sollicitations ; il ira de major en major, jusqu’à ce qu’il en trouve un qui le renvoie combattre. Il crie avec amour : « Ma pièce ! » Ce cri qu’il pousse n’est que la répétition d’une voix qu’il entend, et qui le rappelle à son poste, voix sacrée qui lui semble venir de là-bas, mais qui, réellement, sort de lui : la voix du devoir. « Ma pièce ! » Et ce sera aussi le titre de son livre. Il le signe, il retourne au feu. Puisque la lutte n’est pas finie et qu’il a