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cée en trombe sur les sillons qui la ballottent.

En position pour tirer vers le nord-est, derrière nous le soleil, déjà bas, éclaire la ligne du chemin de fer et la route de Nanteuil à Paris, bordée de grands arbres.

Des sections d’infanterie commencent à se replier. Millon répète :

— Ils ne tiennent pas, les salauds ! les salauds ! Ils n’ont donc pas lu l’ordre !

Et brusquement, presque derrière nous, la fusillade éclate. Nous sommes tournés.

Sur la grande route de Paris, et entre la route et la ligne de chemin de fer, des masses profondes d’infanterie débouchent de derrière Nanteuil. Un immense fer à cheval ennemi nous enveloppe. Il semble, à cette heure, qu’il ne reste plus, pour la retraite du 4e corps, qu’une étroite voie libre entre Sennevières et Silly, vers le sud-est.

Un officier, coiffé d’un casque d’aviateur, arrive sur la position en auto, court au poste d’observation.

Le commandant fait tourner les pièces bout pour bout.

D’un instant à l’autre, nous risquons d’être pris entre deux feux, car, au nord-ouest de Nanteuil, sur les hauteurs dominant la route, nous ne pouvons douter que de l’artillerie s’installe pour appuyer le mouvement de l’infanterie ennemie.