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Le jour d’ardente lutte qui s’achève n’a rien décidé. Les adversaires couchent sur leurs positions.


Mercredi 9 septembre.


Dans un champ, près de Sennevières, en position d’attente, nous préparons le café. Il fait chaud. La bataille ce matin a été longue à s’engager. Mais maintenant, au nord-est et à l’est, la canonnade roule sans répit comme hier.

Brusquement, vers le milieu du jour, la ligne de feu à notre gauche s’infléchit, s’allonge. Nous occupons l’aile extrême des armées françaises. Tout de suite l’anxiété nous prend. Est-ce que l’ennemi va nous tourner encore ?…

Nous interrogeons le capitaine, dont le regard s’est aussi fixé sur des bois qui, hier, étaient hors du combat et qu’à cette heure l’artillerie allemande couvre d’obus.

— Qu’est-ce que ça veut dire, mon capitaine ?

— Je n’en sais pas plus que vous, mes amis. Moi, j’obéis. Je me place où on me dit de me placer. C’est tout !…

Déprez insiste :

— Mais ils tournent encore notre gauche…

Le visage fin du capitaine s’est ridé d’inquiétude.