plus de cinq mille mètres. Nous ouvrons le feu. À droite, à gauche, et même en avant de nous, des batteries de 75, une à une, entrent en action. Lorsque, pendant quelques secondes, nos pièces se taisent, on entend leurs volées à quatre temps.
Là-bas, tout s’immobilise. Le capitaine fait cesser le feu. Mais la vapeur de la poudre et la poussière, que l’ébranlement des coups a soulevées sur le champ sec, se sont à peine dissipées, que de gros obus viennent ouvrir trois larges brèches dans la haie qui nous dissimule. Leurs fumées nous masquent tout l’horizon de l’est.
— Ils ont vu le feu de nos pièces, remarque Bréjard.
— Et c’est bien en direction, ajoute Hutin… Du 150 !
Par malheur, un caisson de ravitaillement venu de l’échelon arrive au trot sur la position. Un brigadier qui monte une grande jument blanche le conduit.
On crie de loin :
— Pied à terre !
— Pied à terre ! Vous allez nous faire tuer !
Les conducteurs ne paraissent pas entendre.
— Pied à terre, n… de D… ! Au pas… au pas…
Déjà ils ont décroché le caisson plein, accroché