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Brusquement, après ce morne voyage, sans qu’on puisse bien démêler pourquoi et comment, la confiance renaît malgré les nouvelles apprises en chemin : les Allemands arrivés sans résistance jusqu’à Creil.

Ce n’est pas la puissance du camp retranché de Paris, de son armée, de ses gros canons, qui nous donne la foi, mais une instinctive confiance d’enfant qui, se retrouvant au foyer, se sent invincible parce qu’il lui semble avoir l’alliance des choses familières et même des éléments. Ce qui nous vivifie, c’est la sensation inexprimable et précise d’une présence, aimée, formidable, immortelle. C’est un souffle vivant, c’est l’appui d’une personne, plutôt d’une divinité invincible ; c’est on ne sait pas bien quoi.

Et puis, comme répète Hutin :

— C’est Paris ! Voilà, c’est Paris !


— Les Anglais !

Un convoi de troupes britanniques croise le nôtre. On hurle, on agite des képis à bout de bras.

La gare de Villeneuve-Saint-Georges est pleine de highlanders. Notre train stoppe. Les Écossais examinent nos pièces. Lebidois sert d’interprète. On secoue des mains ; on hurle encore.

Le petit Millon arrête un épais highlander