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Samedi 5 septembre.


Je n’ai pas pu dormir. Tous les quarts d’heure, le train s’arrêtait : des hommes, que torturait la dysenterie, me marchaient sur le corps pour sauter en hâte sur la voie. Ce matin, ce va-et-vient continue. Dès que le train stoppe, on aperçoit, au bord des talus, des files d’artilleurs qui, au coup de sifflet, se hâtent de regagner leurs wagons en remontant leurs culottes. Heureusement le convoi démarre lentement.

Triste journée, occupée à voir distraitement passer les paysages, l’esprit hypnotisé par la pensée de la défaite. Souvent, le train ne va pas plus vite qu’un homme au pas.