— En un mois, pourtant, avec les fameux cosaques !
Et le trompette poursuit :
— La belle blague, encore. Voulez-vous mon avis, maréchal des logis ? Eh bien, les Russes, les Anglais, qui déclarent la guerre à l’Allemagne, c’est de la frime… de la frime. Ils se sont tous entendus pour nous rouler… comme en 70 !
— Comme en 70, répète Blanchet, assis en tailleur, et occupé à raccommoder un accroc de sa capote.
On en vient à douter de tout, dans l’écrasement de cette catastrophe, de cet épouvantable coup de massue.
Pourquoi, au lieu de nous leurrer de victoires imaginaires, ne pas nous avoir dit : « Nous avons affaire à un ennemi supérieur en nombre. Nous sommes obligés de reculer en attendant que notre concentration s’achève et que les renforts anglais arrivent » ?
Avait-on peur de nous effrayer par le mot « retraite », alors que nous en connaissions la réalité ?
Pourquoi ? Pourquoi nous avoir trompés, nous avoir démoralisés ?…
Dans le jardin d’un restaurant, où, avec Déprez et Lebidois, je suis venu demander à déjeuner,