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convaincre moi-même. Mais les visages restent fermés et les hommes répètent tous :

— C’est comme en 70 !

Quel refrain !

Seul, Bréjard, qui écoute en fumant, garde confiance.

— Ce qu’il y a de terrible, dit-il, c’est que nous ne savons rien. Mais, si les autres armées sont comme la nôtre, il n’y a rien de perdu. Elles ont été frottées quelque part, dans le Nord, comme nous en Belgique. Si elles n’ont pas été prises, c’est le principal, et, quant à dire que c’est comme en 70, ça n’y ressemble en rien. En 70, nous étions seuls. À présent, nous avons avec nous les Anglais et les Russes.

— Ah ! parlons-en, des Anglais et des Russes ! interrompt le trompette.

— Vous en avez vu des Anglais, maréchal des logis ?

— Non, mais il y en a.

— À ce qu’on dit, corrige Millon. On nous avait bien dit que nous avancions dans le Nord. Fichue avance !…

— Et les Russes ! reprend Pelletier. Qu’est-ce qu’ils f… à ne pas être déjà à Berlin ? Ils n’ont rien de leur côté, eux…

Bréjard hausse les épaules :

— Ils ne peuvent pas tout de même y aller en chemin de fer.