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Mais avancent-ils vraiment ? Ne s’agit-il pas d’une nouvelle répartition des troupes françaises ? Ah ! si c’était cela !


Vendredi 4 septembre.


Nous levons le camp dans la nuit. Nous serions dispos, après une journée uniquement passée à manger et à dormir, si la diarrhée ne nous fatiguait tous. Rien n’épuise ni ne fait maigrir plus vite. Le major n’a plus ni bismuth ni élixir parégorique. On est réduit à mâcher de l’écorce de prunellier.

Les chevaux sont encore plus las que les hommes. Beaucoup ont été légèrement blessés dans les combats de lundi et de mardi. Leurs plaies suppurent. Personne ne les soigne, et ce n’est pas le pire, car quelques-uns ont à subir les remèdes stupides de leurs conducteurs. Un homme va uriner sur le paturon de son cheval, entamé par un éclat d’obus. Presque tous les chevaux boitent, endommagés par des prises de longe ou par des coups de pied reçus durant les nuits où, à bout de forces, les garde-écurie s’endorment.

Rarement dételés, jamais déharnachés, les traits, les culerons, les croupières surtout leur ont fait de grandes plaies couvertes, tout le jour, de mouches et de taons. Cavalerie misérable,