paraît que nous avons été remplacés sur la Meuse par des troupes fraîches, et qu’on va reformer le 4e corps. Alors ?
Nous allons nous reposer ?… Dormir, dormir ! Mais on nous a annoncé cela tant de fois déjà depuis huit jours ! Faut-il le croire ? Ce doit être vrai pourtant. On ne laisserait pas ce pays sans défense.
À plein la route, flots sur flots, avec un grand bruit d’écluses ouvertes, les bataillons succèdent aux bataillons. Les fantassins semblent assez dispos. Il y en a qui chantent.
Le 101e d’infanterie défile.
— Est-ce que le 102e suit ? demande Tuvache.
— Oui.
— C’est parce que j’y ai mon frère.
Longtemps, le fleuve d’hommes coule. Voici le frère :
— Tuvache !
Un homme se retourne.
— Tiens ! Toi !
Les deux Tuvache se serrent la main simplement, mais leurs yeux disent toute leur joie de se revoir.
— Alors, ça va !
— Tu vois. Et toi ?
— Tu vois !
— Oui.