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La pomme d’Adam saille au milieu des muscles détendus du cou. Les yeux troubles du mort sont grands ouverts ; ses lèvres absolument blanches. Il tient encore son fusil brisé à la poignée ; son képi a roulé sur son épaule.


Mardi 1er septembre.


Très longue marche de nuit.

Il était plus d’une heure du matin lorsque, enfin, nous nous sommes arrêtés. Il a encore fallu faire la soupe, mener les chevaux boire et leur donner l’avoine.

Nous sommes tombés ensuite à un sommeil de mort.

Vers quatre heures du matin, le maréchal des logis de garde vient nous secouer un à un. On grogne.

— Alerte !

— Quelle misère ! Il n’y a pas une heure qu’on dort.

Tenir les yeux ouverts est une vraie souffrance. Les membres sont raides, les têtes lourdes. On a mal aux reins. Il fait froid, il y a du brouillard.

Nous partons.

Tout de suite, sur les coffres, l’engourdissement envahit nos pieds, nos genoux, monte rapidement.