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à leur poste d’observation, en hâte les servants s’écartent de la ligne de tir des obusiers. Mais, comme nous courons à travers champs, sur la route, en vue de l’ennemi, un état-major passe. J’enrage. Ces cavaliers vont nous faire tuer. Ils sont une vingtaine d’officiers autour d’un général, un tout petit homme mince, tout gris, perdu dans un immense manteau de cavalerie. Un peloton de chasseurs rouges et bleus, très voyants, les suit. Tout de suite les obus s’annoncent, bourdonnent longuement. Là-bas, les chasseurs et les officiers saluent ; seul le petit général ne bronche pas. Le tir de l’ennemi, cette fois, est trop court.

— À vos pièces !

Le capitaine croit avoir découvert la batterie qui nous bombarde. Il appelle :

— Les pointeurs !

Fébrilement, toujours sous les obus, on prépare le tir.

— Échelonnez de quinze. Première pièce, cent cinquante ; deuxième pièce, cent soixante-cinq… Troisième…

Les déboucheurs répètent le correcteur et la distance.

— Seize… Trois mille cinq cents…

— Par trois, fauchez ! Par la droite, par batterie !

— Première pièce… Feu !… Deuxième…