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Mais les avant-trains ont à peine eu le temps de se ranger à la lisière d’un taillis, que des obus explosifs commencent à s’abattre autour de nous.

Comment l’ennemi peut-il connaître notre nouvelle position ? Nous sommes soigneusement « défilés ». D’aucun point il ne peut nous découvrir. Nous n’avons pas encore tiré ; les lueurs et la poussière des coups de feu n’ont pu nous trahir. Dans l’air, aucun épervier n’a passé. Alors ?…

Nous nous abritons dans les tranchées.

— Ce n’est pas sur nous qu’ils tirent, affirme Hutin.

— C’est sur le pape ?

— Non, ce sont les quatre grands saucissons de dragons qu’ils ont vu passer sur la route qui nous valent ça. Ils visent la route.

Mais les dragons s’éloignent, et l’ennemi poursuit son tir sur nous. À n’en pas douter, il sait qu’une batterie s’est établie ici. Un espion, caché quelque part derrière nous, nous a-t-il signalés ? Du regard, je scrute la campagne sans y rien découvrir.

Des obus s’abattent à quelques mètres des pièces, enveloppent la batterie de fumée et de poussière, nous secouent au fond de nos tranchées. J’entends le commandant crier :

— Faites abriter le personnel à droite.

Tandis que le capitaine et le lieutenant restent