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Bréjard crie :

— Mais abritez-vous donc, tous les deux !

Un obus s’abat ; les éclats hurlent en l’air ; la terre projetée grésille autour de nous sur le champ sec. Instinctivement, je me suis baissé ; Hutin, lui, n’a pas bougé, trop occupé par les mouvements de l’infanterie dont le recul, d’instant en instant, s’accentue.

— Tiens, dit-il, nous aussi… je parie… on déménage… Un officier d’ordonnance qui s’amène… Ah !… Tant qu’à foutre toujours le camp, qu’on nous fasse donc prendre le chemin de fer !

Ce sont bien des ordres de retraite que nous apporte l’officier. Nos attelages, au trot, gravissent la pente raide pour venir chercher les pièces. L’instant est périlleux et, par malheur, le premier canon, établi à contre-pente, dévale dès qu’on sort de terre la bêche que le recul avait solidement enfoncée. Il nous entraîne. Il faut faire effort à huit. Arriverons-nous à rassembler le train ? Les conducteurs s’énervent, font reculer les chevaux à tort et à travers.

— Allons ! bien ensemble… ôoh ferme !… ôoo… ô… ô ferme !…

Nous nous arc-boutons. Ça y est !

— Canon prêt !

L’attelage démarre.