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— Si seulement elle pouvait me voir là, ma « vieille », ce soir, bien tranquille !


Dans le champ où l’on arrête, il faut presque se battre pour quelques brassées de paille. Les canonniers d’une batterie qui nous a devancés ici se sont étendus au hasard sur une meule écroulée. Ils ont vingt fois plus de paille qu’il ne leur en faut. Mais, lorsqu’on tire quelques bottes de sous eux, le réveil de ces hommes harassés est terrible. Ils hurlent, jurent et menacent. Finalement, ils se rendorment avec des grognements sourds de chiens hargneux.


Lundi 31 août.


De bonne heure le canon nous réveille. Nous retournons au feu.

Vers sept heures nous nous retrouvons à Tailly.

On nous dit qu’hier l’ennemi a été repoussé jusqu’à la Meuse, et que Beauclair et Halles sont dégagés.

En colonne, dans le village, nous attendons des ordres. L’artillerie allemande bombarde les hauteurs voisines.

Sur la place, dans une charrette à foin, il y a trois uhlans blessés. Un major, les mains derrière le dos, marche de long en large devant la voiture.